DOUBLE PROGRAMME

Comme dans le temps, je me suis fait un double programme cinoche hier soir. Bon pas vraiment du B ou du Z qui permet parfois un petit décrochage, mais du A plutôt costaud.

J'ai commencé avec "THE MASTER", un film très étrange. Le sujet est pourtant vite apparent : la manipulation sectaire. Et pourtant, on nage un peu dans l'obscur avec des séquences complètement décalées, avec des personnages sans cesse en perdition. Chacun est à la poursuite de son propre but, comme d'habitude me direz-vous, et pourtant tous se retrouvent. Et ne savent pas vraiment pourquoi eux non plus d'ailleurs. Une question qu'ils se posent du début à la fin. Ce qui reste c'est qu'on ne peut vivre sans les autres. Il faut une bouée à laquelle se raccrocher.

En même temps, je n'ai peut-être pas tout compris.

Joaquin Phoenix donne une composition destroy du redneck vétéran de guerre qui en apris pour son grade et qui s'enfonce peu à peu, même lorsqu'on lui fait croire qu'on cherche à le sortir de sa perdition. Philip Seymour Hofmann lui est parfait dans le rôle du Maître manipulateur, conteur excellent et en même temps fragile.

Pour l'un comme pour l'autre, cherchez la femme derrière.

Il en va presque de même chez "LINCOLN". Le film de Spielberg est grandiose dans sa réalisation. On se prend à frémir sur une fin que l'on connaît. Daniel Day Lewis est excellent mais il serait injuste de ne pas saluer tous les autres acteurs qui se donnent à fond. Quel Tommy Lee Jones !

Ce qui est le plus étonnant avec ce film c'est de comprendre encore un peu mieux les contradictions de l'Amérique. Toute l'histoire tourne autour de la volonté de Lincoln d'obtenir le 13ème amendement qui abolira l'esclavage avant d'avoir la paix avec les confédérés. Lincoln a donc articficiellement prolongé cette guerre pour faire passer son amendement.

Il faut dire que si la paix avait été signée, jamais l'amendement ne serait passé. Et quand on voit que les démocrates sont en fait les premiers opposants à l'affranchissement des esclaves, que les républicains vont monter au créneau pour imposer cet amendement aux côtés de Lincoln, qu'un défenseur de l'égalité entre les races va devoir renier une partie de ses convictions pour convaincre les indécis, on a la tête qui bouillonne.

La portée politique et les révélations sur l'histoire de cet éternel jeune pays qui vit avec des lobbys, des manipulations, des armes à feu, et des contradictions sans fin, sont énormes. Une vraie claque mentale.

Non, en fait deux claques mentales, chacune à leur manière. Chacune laissant pantois.

Allez, je me prépare déjà pour "DJANGO" la semaine prochaine.