Prix Sainte-Beuve - JOUR 1

Un périple n’en serait pas un s’il ne débutait pas avec quelques accrocs. L’avion fut ma Nemesis. Rien de bien méchant avec une demi-heure de retard en atterrissant à Lille, mais Pierric, l’organisateur fou de cette aventure folle qu’est le Prix Sainte-Beuve, a dû m’attendre patiemment.

Nous nous sommes finalement retrouvés à rouler vers Boulogne sur Mer, première étape de ce marathon. L’occasion de me remettre les idées en place.

Alors c’est quoi ce Prix Sainte-Beuve ?

Il porte déjà le nom du célèbre critique boulonnais, Charles Augustin Sainte-Beuve. Mais c’est surtout une formidable occasion pour les collégiens de rencontrer des auteurs dont les livres sont en compétition pour obtenir le prix des collégiens, et surtout de s’essayer à un exercice doublement compliqué : écrire une critique de livre argumentée et la présenter à l’oral face à un public.

Ce prix en est à sa cinquième année et est désormais suivi par de nombreux collèges, résultat d’un travail acharné de l’équipe de l’association « Çà et Là », de Pierric homme d'action du Conseil Général du Pas de Calais, avec l’aide aussi de l’association Opalivres, regroupement de fous de lecture se mettant au service des gens du Nord dans le cadre d’opération de promotion de la lecture. Là encore un travail de Titan !

C’est après une nuit dans la douillette chambre « Godefroy de Bouillon » située au beau milieu de la Vieille Ville Fortifiée de Boulogne que  nous nous sommes mis en route pour le collège Daunou de Boulogne.

Après les présentations, direction le CDI pour ma première de trois rencontres ce matin.

Je ne sais pas si c’est moi qui suis le plus impressionné au moment de prendre la parole, ou eux. En tout cas, il va falloir s’apprivoiser. La première question est lancée, le bal commence.

Ici, on parle du livre « Le Mensonge dans les Veines », des motivations de Diane, de mes motivations, de mon implication dans l’histoire, de la chaîne du livre, de la relation avec les éditeurs, de mon parcours, et bizarrement pas d’argent. Ce qui est rassurant.

Les trois groupes se suivent et ne se ressemblent pas. Dans un, les questions viennent de plusieurs élèves, dans l’autre, une fille m’embarque sur les aspects politiques du livre, dans le troisième c’est un peu plus timide. Mais l’attention que portent les élèves à mes réponses me fait chaud au cœur. Oui, messieurs les cols blancs (comme dirait le grand philosophe Francis Lalanne), ils lisent !

Mais c’est l’après-midi qui va me surprendre.

Nous nous réunissons dans une salle de conférence du collège avec pupitre sur la scène. Et c’est là que les élèves vont se succéder pour exposer leurs critiques à tous leurs camarades. L’ambiance est électrique car ce sont les demi-finales qui vont désigner l’élève qui représentera chacun son établissement lors de la grande finale au théâtre Monsigny de Boulogne. Les élèves présents viennent de Le Portel, Outreau, Wimille et Boulogne, et sont prêts à en découdre avec le public. C’est volontairement qu’ils vont se jeter sur scène pour exposer et s’exposer. Ils sont tous habités d’une ferveur qui fait plaisir à voir. Chacun a ses propres arguments, chacun sa propre façon de les dévoiler. Mais j’ai ressenti derrière chaque passage un véritable travail sur le texte, la forme et le fond, un enthousiasme dans la présentation, un courage pour se lancer. Hésitants à se succéder au début, ils se sont finalement mis à faire la queue pour monter sur scène. Incroyable !

Je suis sorti enchanté par l’ensemble des prestations, avec deux coups de cœur en particulier : le premier pour les élèves d’un collège d’un coin plutôt défavorisé qui ont donné tout ce qu’ils avaient, et le second pour des élèves de troisième qui nous ont offert sans exception un spectacle impressionnant (tellement que nous avons eu un mal fou à les départager !).

Il a fallu tout de même annoncer les noms des finalistes. J’espère que les autres ne sont pas déçus car ils n’ont aucune raison de l’être. L’exercice est très difficile et tous ont montré leur qualité.

Un grand bravo à vous tous, vous êtes épatants !

Nous avons repris la route avec Pierric vers Fauquembergues. Encore une fois, j’ai été installé comme un pacha dans l’Hôtel du Golf, avec cuisses de grenouille (une première pour moi), poisson, rizotto et salade de fruits frais au menu.

Ah messieurs-dames, dans le Pas De Calais, on sait recevoir !