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OU SE RÊVENT LES ETOILES...
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20 mars 2009

Illusions…

optical_illusion_11

Le numéro de mars de LIRE (magazine dirigé par François Busnel qui anime l’excellente émission littéraire – la dernière ? – à la télévision sur France 5 le jeudi soir à 20h35) fit sa couverture sur un dossier « Comment se faire éditer. »

Même pas de point d’interrogation, non, une affirmation claire et nette. Il est donc impensable qu’après avoir lu le dit dossier, mes manuscrits ne soient pas acceptés par ces maudits éditeurs !

J’ai beau connaître les arcanes du milieu maintenant, mon côté midinettes me laisse espérer une recette miracle, telle la femme (et l’homme aujourd’hui) moyenne qui ouvre les magazines de santé de avril à juin pour maigrir enfin et paraître une nymphe sur les plages. Et je suis toujours aussi déçu.

Le dossier ne propose rien de nouveau au soleil. Et comment le pourrait-il ? J’ai eu le droit à des exergues de textes qui, remis dans leur contexte n’ont plus vraiment le même sens. Exemple : « Tous les manuscrits arrivés par la Poste sont lus. L’enjeu est trop important pour laisser passer l’auteur de demain. » Retrouvé dans le texte, on peut y rajouter la phrase derrière : « Ou, du moins, ouverts, triés et parcourus. A raison d’au moins quelque minutes. » Il faudra lire les interviews dans d’autres magazines d’auteurs désormais assis pour apprendre que les trieurs sont bien souvent des stagiaires ou même des standardistes. Le rêve se ternit.

Mais l’article, et les éditeurs, relance l’espoir auprès des apprentis écrivains puisque la chasse au fameux « Premier Roman » est ouverte. C’est même désormais une catégorie de roman. Il y a le policier, le roman à l’eau de rose, celui de cuisine, et le Premier Roman. Ah bon, il n’y a pas de premier roman dans les genres littéraires ? Mais non, misérable ignare, on parle là de VRAIS romans. Ah pardon, je m’excuse. Je reprends ma lecture.

Ah le fameux « Regardez ce que nous faisons avant de nous envoyer n’importe quoi. » ! Attention à cette phrase ! Par là, les éditeurs entendent de ne pas leur envoyer de la SF quand ils ne font que du VRAI roman par exemple. Ou des poèmes à un éditeur de livres de cuisines (encore que le mariage pourrait être sympa non ?) Car surtout ne succombez pas aux chimères de l’imitation. Sauf si vous êtes déjà connu, on appelle alors ça un hommage. L’imitation, c’est bon en Arts Plastiques, mais pas en littérature. Comment ? Tu as osé salir ce grand homme en imitant son style ? Comment ça, tu t’entraînes ? Mais tu es fou ! La littérature, c’est de l’Art, ça sort comme ça, c’est le génie qui doit parler et pas le sombre imitateur.

Car oui, bonnes gens, abandonnez les écrits qui collent parfaitement au catalogue puisque c’est déjà dans le catalogue. Vous devez donc être dans la ligne du catalogue tout en proposant de l’original. Oh, évidemment, certains passent les mailles du filet mais on apprend un peu plus loin dans l’article qu’il faut alors être amené par un ami d’un ami d’un ami de l’éditeur. La boucle est bouclée, les vérités sont dites.

J’ai moi-même, humble écrivaillon, eut droit autant à « Mais avez-vous vraiment lu notre catalogue ? Ecrivez donc à des éditeurs avec qui vous vous sentez en adéquation. » Et vu l’éditeur qui m’a répondu ça, je dirais que finalement il a eu du flair car je lui ai envoyé un roman parce que c’est un éditeur établi sur la place des Marchands du Temple et pas parce que j’aime ce qu’il fait particulièrement. Et je le referai car nous sommes tous à la recherche de grands éditeurs.

Mais j’ai aussi eu le droit à « Nous ne publierons pas cela. C’est bine écrit mais nous avons déjà publié des bouquins similaires. » Ah ouais ? Sans blague ? Serait-ce parce que j’ai consulté votre catalogue et que je me suis dit qu’en voyant ce genre de bouquin vous seriez susceptible d’avoir envie de le publier ? Mince, excusez-moi, je me suis odieusement trompé. Mais ne fait, si vous trouviez ça mauvais, j’aurais préféré que vous me le disiez.

Et puis il y a eu le « J’aime beaucoup l’écriture, j’aime beaucoup l’histoire, les personnages sont attachants… Mais non ! N’hésitez pas à m’envoyer d’autres manuscrits je les lirai avec attention » ou encore « C’est sympa, mais je ne connais pas grand-chose au sujet que vous abordez (le monde de la BD et des comics) et je ne pourrais rien vous apporter donc non. »

Ah oui, parce que vous n’avez pas pris en compte, chers amis aspirants, la place qu’aiment prendre de plus en plus d’éditeurs dans vos manuscrits. Certains « vieux » écrivains, en jeunesse particulièrement, s’en plaignent.

Alors je reprends l’article et je vois comme intertitre : « La bonne recette. » Je me lance. Ben oui, ils affirment que je serai édité après avoir lu mais pour l’instant j’ai plutôt les boules, alors je veux enfin savoir.

Nada. Que dalle !

Allez, pour m’encourager je reviens à un encart titré « Longtemps refusés, enfin célèbres » qui vous rappelle que de très grands auteurs ont été édité à compte d’auteur comme Proust et d’autres se sont autoédités. Mais enfin morts, ils sont devenus célèbres. Rappelez-vous l’auteur de « La conjuration des Imbéciles », John Kennedy Toole. Lui il a carrément été publié à titre posthume, après son suicide. Génial pour la pub !

Bon allez, je tourne la page. « Ce que recherchent ces éditeurs de premiers romans. »

Les voilà mes réponses ! Pour chaque nom d’éditeur, ses choix, ses découvertes et l’adresse d’envoi des manuscrits. Le plus intéressant, vous l’aurez saisi est l’adresse. Les choix ? Je vous cite Laure Leroy de chez Zulma et vous aurez tout compris : « Des textes qui suscitent notre désir de les publier, une magie très éclectique. » Avec ça, vous êtes bien barré !

Je retiendrai la phrase de Laclavetine, écrivain et éditeur chez Gallimard : « L’édition est une bonne affaire, sauf pour les écrivains. Peu d’écrivains vivent de leur plume mais plein de gens vivent de l’édition. ».

Comment ça, je ne vous ai pas rassurés sur le parcours du combattant de l’auteur face à la machine de l’édition. Mais si, n’hésitez pas à vous jeter sur votre ordi pour écrire plein de bons romans qui vous font plaisir à vous en espérant que ça plaise à d’autres.

Car retenez cette dernière phrase de Joëlle Losfeld : « La littérature est une des seules réponses au mal et à l’ennui. »

Si vous vous sentez médecin de l’âme, lancez-vous !

ENJOY !

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Commentaires
P
Quand on apprend que la standardiste de chez Gallimard gagne plus qu'un auteur débutant, <br /> on peut se demander si l'on ne s'est pas trompé de vocation... :-<
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